TERRE ROUGE
2017
« Mon environnement familial vacille entre les légendes yiddish et les histoires racontées dans la ville bleue de Sidi bousaid. Dans ces histoires, un blanc persiste, une pièce manque et manquera toujours. C’est autour d’elle que ce travaille tourne.
Celle d’un grand père né au Maroc. Un grand père flou face à son histoire et ses pays. C’est dans ce flou que mon travail s’inscrit.
À partir de lui, je pense des formes. Un blanc que j’ai toujours essayé de combler par mes recherches et mes voyages.
Aujourd’hui, je réalise qu’il ne s’agit pas de combler, mais de faire avec cette béance.
C’est elle qui alimente mon travail. C’est donc au cœur de ces interrogations que cette pièce s’inscrit. »
Il y a 5 ans, je me promenais durant la nuit dans une partie abandonnée de la ville de Tinghir en pleine Atlas Marocain. Les maisons étaient façonnées de terre, la lumière de la pleine Lune passait dans les murs semis détruits. J’étais dans le Mellah (quartier juif de la ville). Le vide de l’exode prenait place dans mon histoire.
C’est dans cette recherche de l’origine, que j’ai imaginé cette structure en pisé, technique ancestrale berbère non-influencée par la conquête et le développement de l’art hispano-mauresque.
À partir de cette expérience personnelle gorgée d’histoires intimes plurielles conjuguée à une histoire culturelle plus ample, j’ai matérialisé cette idée : un temple sans toit, ouvert directement sur l’extérieur. Le temple, ce lieu où des communautés, des coutumes, des idées se réunissent pour permette au singulier de s’extraire de toute forme de vie terrestre pour être face à l’infini de ce qui nous entoure, jusqu’à l’éblouissement par la lumière de la Lune et toutes ces représentations qui nous habitent. Cette même Lune était divinité pour les religions post monothéisme. C’est elle qui guidait les tribus nomades dans les nuits désertiques.
À 16 ans mon grand père immigre clandestinement du Maroc pour Israël. 10 ans après il s’envole pour la France. 30 ans plus tard il rejoint sa famille en Israël, après quelques années en Australie.
Il y a 2 ans, je rencontrais pour la première fois cette famille qui n’était jamais passée par la case « occident ».
ARCHIVES RECHERCHES SUR LE TERRAIN
Exploration en moto dans l’Atlas Marocain, 2017
Photos de famille entre Paris et Casablanca.